" J'ai quelque chose pour toi ".

Là je vois trois petits chats en laine, faits de ses propres petites mains.

" Choisis ".

Je choisis celui tout à droite et je la serre très fort dans mes bras pour la remercier.

Je m'en vais, elle me retient par la main.

" Je t'ais préparé une enveloppe, mais pas devant les autres, caches la ".

Ma main s'empare de l'enveloppe, je la plie et la glisse dans ma poche.

Un nouveau remerciement s'esquisse sur mon visage, je la serre encore plus fort.

C'est un peu comme un cadeau qui tombe du ciel juste quand j'en ais besoin ...

Et sur l'enveloppe une petite phrase, comme à son habitude : "mon petit coeur, je t'aime".

Quelques mots qui m'ont toujours touchés au plus profond de moi, bien plus que l'argent contenu dans cette enveloppe.

Elle aurait presque pu être vide, tout l'argent du monde n'aurait pas vallu ces quelques mots sortis du fond de son coeur.

C'est difficile de revenir ici, là où j'ai tant de mauvais souvenirs. Là où j'ai vécu tous ces drames, ces échecs, ces humiliations, cette violence, ce désordre.

J'ai toujours les mêmes peurs ici, les mêmes blocages alors que là bas j'ai tout résolu.

J'ai du mal. Je crois que de temps en temps un petit passage par ici me montres que je ne pourrais sans doute jamais y revenir et qu'il faut que je me batte pour conserver tout ce que j'ai construit dans le Nord.

Une fois de plus, me dire que la Vie ici m'est impossible. Que l'environnement est trop néfaste et déséquilibré pour moi et que je courrais à ma perte d'y rester trop longtemps.

J'ai l'impression d'avoir amménagé dans un autre monde, le Nord et quand je reviens ici j'ai l'impression de me retrouver confrontée à la Vie réelle, ou plutôt la survie. De ces Gens qui se battent pour des causes perdues d'avance.

J'ai mal au coeur, un putain de mal au coeur quand je reviens ici. Bien sûr il n'y a pas que des mauvais côtés mais je crois que ces souvenirs me traumatiseront toute ma vie. Qu'ils ont eu et qu'ils auront un retentissement et des peurs incessantes sur tout ce que j'entreprendrais.

Et puis il me manque. Il me manque. Je ne sais plus combien de temps ça fait qu'il est mort, je sais juste qu'elle ne s'en remettra jamais et qu'elle en mourra.

Pas le choix que de se confronter à la dure réalité en venant ici. C'est dur. Trop dur pour moi. Trop dur pour tous.

Ils changent mais j'ai l'impression que tous ces changements ne suffiront jamais pour que je puisse retrouver la force de revenir habiter ici. Pour qu'ils trouvent la force de se construire un environnement sain et équilibré.

Ici la Vie est en désordre, elle est agitée et il n'y a pas d'issue. Elle est lente, trop lente.

Dans la Vie que je me suis construite je me préserve de tout ça. Ma nouvelle Vie est saine et équilibrée, elle est remplie de bonnes choses et de Gens qui me construisent au lieu de m'étouffer. Dans ma nouvelle Vie j'avance vite et je ne m'ennuie pas. Je n'ais plus peur. Je suis moi, pleine de Vie et je rayonne sur les autres.

Ce que je n'arriverais jamais à faire dans le Sud.

Je déteste cette ville. Tous ces souvenirs. Tous ces Gens. ça m'écoeure tout ça.

Dans le fond ils y sont pas pour grand chose, pas grand chose [...]

C'est moi qui n'ais pas su m'adapter et me construire avec tout ce que j'ai subi ici, mais j'peux pas m'en empêcher, ça me donne la gerbe.

Hier je rentrais de Paris plus tôt pour obtenir les résultats de mes analyses médicales.

Je savais bien en lisant la feuille que quelque chose n'allait pas, mais rien n'était expliqué clairement, en tout cas pas dans mon language.

Ce matin j'avais rendez-vous avec le médecin. Celui là même qui avait refusé de m'examiner et m'avait dit que tous mes symptomes n'étaient en fait que psychologiques et dus à un choc émotionnel.

Face à l'insistance de son interne il avait fini par accepter de me faire faire des analyses en urgence, comprenant qu'il avait sans doute commis une erreur.

Double choc émotionnel, le premier quand il m'annonçait les suspiçions de maladies et leur gravité; le deuxième quand il m'annonça que la maladie qu'il avait découverte était encore pire que celles soupçonnées.

Ainsi mon corps serait infectée par une bactérie rare qui se serait répandue dans plusieurs parties de mon corps ... Une bactérie résistante à la plupart des antibiotiques et mortelle si elle continue à se répandre dans mon corps.

Bactérie pathogène qui entraine différentes maladies à la fois ... Si j'avais su qu'un tel truc pouvait exister. Putain de bactérie. Il n'y a vraiment que moi pour choper ce genre de trucs.

Que moi. Et rien que de penser qu'elle récidivera toute ma vie même si j'arrive à la contrer cette fois ....

Voilà. Le verdict est tombé. J'ai comme une impression d'être traquée par mon Destin. Me dire que je sors à peine d'un combat et qu'il faut que je me lance dans un autre.

Rien que de penser que toute ma vie sera un éternel combat ça me rend malade. Ainsi suis-je née pour combattre sans répis, sans pause. Aucune trève, le Destin en a décidé ainsi.

Heureuse de savoir que je ne suis pas folle mais je ne sais pas ce qui est le pire, être folle et rester en vie ou être lucide et creuver d'une septicémie [...]

Et je le crois ... Je sais juste qu'aujourd'hui le navire est à deux doigts de sombrer.

Je ne sais pas comment je fais pour tenir ni par quel moyen. Mais je tiens. Surhumainement. Comment est-ce que je fais pour ne pas m'écrouler à tout instant ?

Pour ne pas lâcher prise ? Je ne sais plus. Je ne sais pas non plus où est-ce que je vais trouver l'énergie nécéssaire pour survivre à ces quelques jours restants et revenir après mes vacances.

Je ne sais pas où trouver le courage d'affronter tout ça. D'affronter toutes ces difficultés qui vont arriver d'ici quelques semaines et le fait de me retrouver seule, en sous effectif à devoir gérer le foyer avec mon patron qui me fait perdre tous mes moyens.

C'est dur, c'est dur.

J'ai 20 ans, bientôt 21 dans moins de trois mois. Il serait peut-être temps que je change mon descriptif dans la colonne de ce blogg ...

Depuis il s'en est passé des choses ... Aujourd'hui je ne cherche plus à partir et à recommencer ma Vie ailleurs.

Je l'ais fait. JE L'AIS FAIT.